L'après Bordeaux-Rennes, par Marco Grossi

L'après Bordeaux-Rennes, par Marco Grossi

Partager
Ah, Bordeaux-Rennes, Rennes-Bordeaux… Le fameux Soporifico de la Ligue 1, match jadis le plus ennuyeux à être passé sur Canal-Bolloré, ce genre de rencontre de lendemain de cuite, même quand tu n'as pas bu, pour une fois.

Préambouche :

Mais trêve de bavardage, rentrons dans le vif du sujet-verbe-complément. Alors que tous les concurrents directs du Stade Rennais ont fait de mauvais résultats, les Rouge et Noir ont l'occasion de réaliser un bon coup en cas de victoire en Gironde et de prendre la 3e place. Là, tout supporter rennais qui se respecte sait très bien ce qu'il va se passer : on va y croire, puis on va pleurer en boule dans un coin, montrés du doigt par tous les Footix, Ménèsix, Riolix et "journaux" sportifs que compte le pays, et même les Nantais. Mais eux, on ne leur en veut pas, la Ligue 2 ça laisse de sévères séquelles.

 

 

Moi devant cette attaque-gratuite-inacceptable-qui-ne-restera-pas-impunie-appelez-moi-Pascal-Praud (photo © Michel Fraudeau)

 

Revenons à nos moutons rennais, prêts à affronter les chèvres bordelaises dans le remake footballistique de L'Amour est dans le pré. Espérons que ça ne finisse pas comme dans l'émission originale, j'imagine difficilement l'enfant issu de l'union de Cheick Diabaté et Sylvain Armand.

Pour son deuxième match sur le banc breton, Rolland Courbis aligne une équipe… originale. Pour ne pas dire déroutante. Pour ne pas dire ratée. Si, je le dis : ratée.

 

 

Oui je sais, moi aussi j'ai suinté du SIF en voyant ça. Mexer est enfin de retour en défense centrale, tandis que nous optons pour un milieu à trois avec une pointe basse. Sio, en manque de confiance, est replacé sur l'aile droite, histoire de regagna… Regaga… Regnagna… Non vraiment, je ne vois pas. Pour finir, c'est ce bel homme de Quintero qui prend la pointe. Enfin… C'est ce que l'on croyait. Et le SIF, c'est le sillon inter-fessier. La raie du cul, oui.

 

Le match :

La rencontre débute tambour battant, les deux équipes se livrant une belle bataille au milieu de terrain, et se livrant tout court en défense. Surtout côté bordelais, où les latéraux sont en souffrance, notamment Poko face à Ntep. Pire qu'un Ange de la téléréalité face à Bernard Pivot. Lors des vingt premières minutes, on se croirait à l'entraînement, avec André et Quintero enchaînant les ouvertures sur Ntep et Sio (5', 6', 9', 11', 12', 19'…). Problème : les deux ailiers Rouge et Noir manquent tour à tour de réussite puis de soutien. Si Quintero est à la baguette, il ne peut pas être à la réception des centres, hein Rolland. Si Sio est sur l'aile, il ne peut pas être à la pointe, hein Rolland. De toute façon il serait hors-jeu. Ahem. Les Girondins font le dos rond, Guilbert comprend que Poko risque de finir à l'hôpital s'il ne l'aide pas et organise une prise à deux sur Ntep. Encore juste physiquement, l'international ne peut compter sur sa vitesse pour faire la différence et le match s'équilibre. Les Bordelais prennent peu à peu le contrôle de la rencontre (frappes de Rolan (20') puis Plasil (28')), et ce qui devait arriver arriva : Ounas, très emmerdant sur son aile droite, est laissé seul par M'Bengue. Il adresse un centre parfait en direction de Diabaté, que les centraux rennais n'ont pas suivi, partis se renseigner sur la couverture santé-prévoyance dans les loges du Matmut Atlantique Stadium. L'attaquant girondin pique une tête sur Costil, mais le gardien rennais se loupe et envoie le ballon dans ses propres filets. Bordeaux 1 – 0 Rennes.

Le dernier quart d'heure de la première mi-temps sera dans la même lignée, avec une équipe adverse mettant le pied sur le ballon et se créant quelques occasions peu dangereuses (coup franc à la 33', corner à la 43'). En face, les Rouge et Noir sont sans solutions : les latéraux bordelais, un peu impolis sur ce coup, ont décidé de bloquer nos ailiers, Quintero est introuvable dans cette position trop haute et André est trop seul à la construction.

Mi-temps. Courbis s'est peut-être trompé (foiré dans les grandes largeurs, me soufflé-je dans ma propre oreillette), mais il a le mérite de ne pas attendre pour se corriger. L'entraîneur rennais fait sortir Sylla, qui paie la réorganisation tactique malgré un match de plutôt bonne facture. Notre pepitas muy truculentas Ousmane Dembélé entre et prend la place de Sio sur l'aile droite, notre attaquant silencieux retrouve la pointe, tandis que "JFQ" redescend à la mène. Je reprends espoir, puis je ressens une grosse fatigue en imaginant la première mi-temps si la composition avait été celle-ci dès le départ.

 

Nom de Zeus, Quintero n'est pas attaquant ?! (Photo trouvée sur le site Moviepilot.com)

 

46', confirmation que Sio a bien retrouvé son poste de prédilection : hors-jeu. Les Rennais sont bien entrés dans cette deuxième période, à l'image de Ntep qui prend enfin le meilleur sur Guilbert, qui écope de sa biscotte. Sur le coup franc, s'en suit un cafouillage, conclu par une frappe d'André à côté. Comme si les Girondins n'étaient pas assez chiants comme ça, les voilà qui se décident à être efficaces. 52' : Rolan s'avance discrètement balle au pied pour ne pas réveiller notre défense en pleine sieste et envoie une louche en direction de Diabaté. Armand dégage la balle à 20 cm de lui, M'Bengue tacle la pelouse, l'attaquant bordelais ne se fait pas prier et double la mise. Bordeaux 2-0 Rennes.

Gros coup de massue pour les Stade Rennais, qui ne s'avoue pas vaincu (ce qui fait beaucoup) pour autant, à l'image de Dembélé, auteur d'une bonne rentrée, qui provoque et pousse Contento à la faute (58'). Quintero tire le coup franc directement, Prior repousse comme il peut, mais les Rennais n'arrivent pas à en tirer profit.

Ntep, en manque de rythme, cède sa place au "supersub" Kamil Grosicki (60'). Les Rouge et Noir continuent de pousser, sous l'impulsion de Dembélé qui réalise un festival côté gauche, mais qui, comme souvent, se montre un peu trop gourmand et bute sur Prior qui détourne en corner. Sur ce coup de pied de coin (Jean-Michel Larqué likes this), les Bordelais partent rapidement en contre. La défense rennaise, s'apercevant qu'elle fait le nombre pour une petite belote, laisse ses adversaires s'organiser : Contento trouve Poko, qui sert Ounas. Pas attaqué, l'ailier arme une frappe lourde que Costil ne peut que repousser sur Rolan, qui aggrave le score. Bordeaux 3-0 Rennes.

Les Bretons ont clairement perdu la bataille au milieu, tandis que les Bordelais se contentent de contrôler la rencontre. Décevant, Quintero laisse sa place à Boga à la 70'.

Les vingt dernières minutes ne seront qu'un long calvaire pour les Rennais, qui tenteront bien de sauver l'honneur, mais qui seront trop fébriles défensivement pour espérer quoi que ce soit. Le 4e but de Touré à la 92' est anecdotique, mais il pique le SIF, pour ceux qui ont suivi depuis le début. Bordeaux 4 – 0 Rennes.

 

 

La défense rennaise a passé un bon dimanche (Photo prise sur le site sunsetbend.com)

 

Les Rouge et Rouge :

Le gardien : Anormalement fébrile sur le premier but dont il porte en partie la responsabilité, Costil a semblé résigné sur les buts encaissés. Espérons que ce n'était qu'un jour sans.

La défense : Le "back four" a pris l'eau. Pour son retour à la compétition, Mexer a hérité d'un sacré client avec Diabaté, qui a inexorablement pris le dessus. Armand ne lui a été d'aucun secours, qui paie l'enchaînement des matches, à un moment (et à un âge) où il aurait grandement besoin de souffler. Problème, Mendes ne revient pas et les rencontres à venir vont être décisives. Mettez du Hans Zimmer et relisez cette phrase. Maintenant vous flippez. Grâce à M'Bengue, j'ai élargi mon vocabulaire, section insultes fleuries, à ne pas comprendre qu'Ounas n'avait pas besoin de le dribbler pour être dangereux. Vivement le retour de Baal.

Le milieu : Le pari initial de Courbis s'est avéré perdant. Si le fait de remonter André et Gelson d'un cran pouvait être une bonne idée sur le papier, Benjamin s'est retrouvé trop seul à la création, Gelson étant bien meilleur la récupération qu'à la relance. Les buts en contre ont fini d'achever la motivation de nos gars, qui ont été dominés de la tête et des épaules par leurs homologues bordelais. Sylla remplissait le contrat jusqu'à sa sortie, tributaire du changement tactique opéré à la mi-temps.

L'attaque : Même constat pour le trio offensif : s'il est en manque de réussite, Sio est malgré tout plus à l'aise en pointe que sur l'aile, où il n'a pas les automatismes de percussion, débordement ou dédoublement avec son latéral. Ntep a joué dans son registre, mais son manque de rythme nous a sauté aux yeux : manque de réussite puis incapacité à faire la différence lorsque Guilbert s'est aperçu que son équipe jouait à 10 avec la titularisation de Poko. Quant à Quintero, il a régalé en début de match avec de magnifiques ouvertures, mais positionné en faux neuf, il n'a pas pesé autant qu'à son habitude et a semblé perdu sur le terrain. L'entrée de Dembélé a redonné un coup de fouet à l'équipe, mais attendre un gamin de 18 ans comme le sauveur, c'est un coup à exploser le stock de Xanax de la pharmacie d'en bas.

Bordeaux-Rennes, une allégorie :

 

 

Vestibule :

Match raté pour nos Rennais, peu aidés par un schéma de départ bancal. S'ajoutent à cela un manque criant de réussite en première période et une efficacité insolente des Bordelais en contre, bien aidés par notre air-défense. Le score paraît sévère, certes, nous ne pouvons attendre un changement radical dans le jeu moins de deux semaines après l'arrivée de Courbis, mais j'attends malgré tout un niveau global plus élevé. Suite de cette semaine à trois matches avec la réception de Saint-Étienne jeudi puis le déplacement à Lille dimanche. C'est là qu'il va falloir poser nos grosses galettes-saucisses sur les nez adverses.

 

Marco Grossi