Contexte : juillet 2004, comme souvent c'est un peu le bordel à l'intersaison, beaucoup d'arrivées beaucoup de départs. C'est toujours un peu confus dans la tête de Jean-Louis, notre recruteur de toujours. Et du coup Pierre Dréossi se rend compte qu'il n'a plus grand monde côté droit :
- Hey Jean-Lou on aurait besoin d'un joueur sur le côté, avec de l'expérience si possible pour épauler Alexander. Si Rubio se blesse faudrait quelqu'un pour lui passer la balle côté droit. Pas trop cher hein, ça sert de rien de dépenser pour un emploi fictif vu que de toute façon la tactique pour cette saison c'est : Passe de Monterrubio pour Alexaaandeeeer Frei.
- Euh ça va Pierre ? Pourquoi tu as insisté sur le prénom d'Alex ?
- Ahem...burp... pardon, je sors d'un apéro avec Jacky. Tu sais que c'est.
Jean-Louis parti donc en prospection.
Comme il était déjà passé plusieurs fois par la ligne Brittany Ferries Saint Malo-Portsmouth, et que c'était pas loin, notre recruteur s'est dit que cette ville étape que tout le monde traverse mais ou personne ne s'arrête était peut-être leur Le Mans anglais. Il pourrait surement dénicher le futur Didier Drogba, Daniel Cousin ou Dagui Bakari qui sait !
(Episode non sponsorisé par l'office de tourisme de Portsmouth, ni par la Brittany Ferries)
Après quelques recherches il tomba donc sur le profil de Mornar, attaquant expérimenté passé par le Standard de Liège, Anderlecht et Séville, le profil quasi parfait ! Ni une ni deux il se renseigne auprès de ses contacts, un certain Ericstoff, pas complètement francophone :
- Hey Ivica Mornar tu connais ?
- Le gars patibulaire de l'Hadjuk ? Le boucher des balkans ?
- Boucher des balkans ? Ah pas mal comme surnom ça lui va bien c'est vrai qu'il a pas mal planté en Croatie et en Belgique !
- Il a carrément planté des gens ?§ Je savais qu'il était pas net mais quand même...
- Non des buts !
- But ? Je ne suis pas trop au courant pour les magasins d'Electro-ménager, il préférait les villas et les casinos aux dernières nouvelles, apparemment il est impliqué dans le casse de Namur en 2002.
- Pas possible ! Il a la baraka au casino et des jeux d'argent dis donc ! Mais je ne suis pas du genre à juger les hobbies des joueurs, tant qu'il est correct sur le terrain et dans le vestiaire.
- Et c'est pas tout, lors de son passage à Séville il aurait trempé dans la fameuse bande "Los bandidos franceses" qui a terrorisé toute l'andalousie pendant des années ! C'est pour ça qu'il a été obligé de quitter l'espagne !
- Ah tu m'étonnes il devait être très demandé, mais c'est très bien j'ai besoin d'un joueur pas trop jaloux qui puisse s'intégrer et s'inscrire dans un collectif... et puis ça fera pas de mal d'avoir un second joueur avec un instinct de Killer ! Merci beaucoup pour les tuyaux !
- ...mais tu es sûr ?
- Mais oui Rennes sera parfait pour le relancer, merci beaucoup !
Jean-Lou raccrocha rapidement trop excité par sa nouvelle trouvaille
Ericstoff: Oh le con...
Négociations :
1 semaine plus tard, le téléphone de Pierre Dréossi sonne :
- Allo Pierre
- Allo Jean-lou ! ça faisait plusieurs jours qu'on avait pas de nouvelles, même Portsmouth savait plus où t'étais ils commençaient un peu à paniquer en mode "not again with Ivica !" On comprenait pas trop on commençait à s'inquiéter !
Un cliquetis métallique se fait entendre, s'en suit un fort bruit de déglutissement :
- Euh oui oui ça va...ça va.
- Alors ? Et les négos avec le joueur ?
- Euh justement c'est moyen, Portsmouth veut pas trop prendre en charge le salaire et Ivica veut ABSOLUMENT être payé, il demande une GROSSE rallonge. Il...il a besoin de se refaire qu'il dit.
- Ecoute on comprend qu'il veuille se relancer mais on va pas y passer 3 heures, c'est qu'un prêt hors de question de céder, au pire on fera monter un jeune de la réserve, il ira qu'à végéter en League One.
Pierre perçoit alors des phrases incompréhensibles teintées de croate et de français au travers du téléphone sans pouvoir en faire sens :
- Euuh...Ecoute Pierre, en fait il rigole pas du tout, je suis dans une merde noire il me menace assez violemment il est armé je t'en supplie !
- ...
- S'il te plaît !
- Jean-Lou yen a marre de tes plans foireux, c'est la DERNIERE fois que je te sauve la mise. Passe moi Ivica on va s'arranger. (et in petto je comprends mieux pourquoi Portsmouth était content de s'en débarrasser...)
Il commence à se frotter le crâne avec sa main, n'ayant plus trop de cheveux à s'arracher.
Epilogue :
Après plusieurs jours de négociations, et plusieurs jours de trajet (Interpol ayant toujours un mandat d'arrêt en cours pour Ivica), Jean-lou fût enfin libéré, avec dans ses valises Ivica Mornar, ou plutôt l'inverse en fait.