Déplacement à Arnhem - Jour 2 - Un stade trop loin ?

Déplacement à Arnhem - Jour 2 - Un stade trop loin ?

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Le jour J. Entre tourisme et supportérisme il n'y a qu'un petit pas que nous aimons franchir par dessus le Rhin.

Jeudi 30 septembre, un peu avant 10h.

 

Ouais. Faut se lever pour pas louper le petit déjeuner de l'hôtel. Bon gré mal gré, je descends, et tous les journalistes sont déjà là, la voix déjà un peu rauque pour certains. Ça discute programme de la matinée, visite de la ville pour certains, tournage de séquences vidéo pour d'autres, tout en feuilletant la presse locale pour mesurer l'attente de la ville sur le match. Pas l'temps d'niaiser.

 

Et là, vous savez. Vous avez déjà tous connu ça. Il n'y a pas de beurre salé pour les tartines au petit-déjeuner, seulement ce qu'on pourrait appeler de la margarine. Les embûches commencent donc dès le début de la journée.

 

Mais c'est l'heure de découvrir un peu plus la ville. Parés avec Footixa, et rejoints par @ptitevoice, on arpente tranquillement les rues d'Arnhem. De jolies briques, des voies cyclables, et toujours plus de supporters rennais. Aucun accident à déplorer, tout se passe bien. Oui je sais, vous êtes aussi surpris que moi. On découvre le fameux "pont trop loin", popularisé par le film du même nom, enjambant le Rhin avec non loin son musée retracant le fiasco de l'opération Market Garden. L'occasion de se faire gentiment charrier par le préposé au guichet, beaucoup plus sympathique que le barman de la veille, vous l'aurez compris. À la sortie, nous recroisons encore une fois nos journalistes ayant fini de tourner leur séquence vidéo et taillant le bout de gras avec Jacques Delanoë (président du conseil d'administration du club), qui a lui aussi fait le déplacement. À ce rythme, je m'attends à croiser Séverino Lucas au coin de la prochaine rue.

 

 

Un petit passage par l'office de tourisme où l'employée nous vante entre autres les sous-sols antiques d'Arnhem et le centre historique de la ville. Roulons jeunesse et découvrons les lieux sombres de notre adversaire.

L'entrée du souterrain ressemble en fait à une boutique tout à fait normale, je ne serais pas surpris d'apprendre que nous étions ses seuls visiteurs de la journée. Les sous-sols sont un peu... originaux, d'architecture romaine, sombres forcément, mais qui ont vraisemblablement été réadaptés pour accueillir des évènement nocturnes pour adultes, qui pourraient être festifs, musicaux ou... autres, vu certains rideaux et fauteuils (le rédacteur de ce reportage a peut-être trop visionné Eyes Wide Shut, NDLR). Les Hollandais sont certainement des gens pleins de surprises.

 

Dans Arnhem, personne ne vous entend crier


On mange, je repars à l'hôtel pour une micro sieste car on a quand même un match à assurer le soir. L'occasion de croiser @RenaudMarquot, journaliste aimant suivre les déplacements européens, déjà croisé lors de voyages précédents. Par contre, toujours pas de Sévérino Lucas, c'est louche.

@MaximeRoazhon me fait signe qu'il est arrivé à Arnhem avec ses acolytes, et c'est un petit miracle car lui aussi a beaucoup de poisse. Je les accompagne d'une bière sur leur fin de repas, puis les guide dans le centre d'Arnhem, sur une petite place ou se trouvent déjà quelques Rennais. Quelques chants sont lancés, portés autant par l'ivresse déjà bien entamée de certains que par la ferveur du club aux deux hermines. Tout se passe bien. Oui je sais, vous êtes aussi surpris que moi. Quelques journalistes locaux sont encore là, et l'un d'eux me glisse à l'oreille qu'il y aurait peut-être des navettes à un autre endroit pour les Rennais voulant se rendre au stade. Un peu surpris que le club n'ait pas communiqué là-dessus, je n'ose y croire.

 

Des bières, beaucoup

 

Des échos se font entendre sur les réseaux, indiquant que le foodhall, situé à 500 mètres, serait le lieu où les Rennais sont centralisés. Le temps de finir nos boissons et d'attendre que @CoyoteSRFC nous ait rejoints, nous nous dirigeons donc vers ce lieu de curiosité pour y constater qu'on ne nous a pas menti. L'endroit est très grand, rempli de Rouge et Noirs qui lancent des chants au gré de la playlist du DJ. C'est l'ambiance Coupe d'Europe qu'on aime.

 

Europistas partout, football nulle part. Arrive le temps de se mouvoir vers le stade, car Google Maps nous annonce 45 minutes de marche. À peine 50 mètres parcourus qu'un gentil agent néerlandais nous rattrape pour nous annoncer qu'il y a effectivement des navettes qui viendront nous chercher dans la rue adjacente d'ici 5 minutes. Arrivés dans la dite rue, la police montée est présente, mais n'ayant rien à voir avec celle de Séville, elle se met tout sourire à nous taper un "ça va ? Tout se passe bien ? Il y a de l'ambiance dis-donc ! Les navettes ne vont pas tarder à arriver".
C'est fou, quand les autorités communiquent, font du préventif et non du répressif, tout se passe bien. Oui je sais, vous êtes aussi surpris que moi.
Les navettes arrivent, aucune raison pour que l'ambiance Coupe d'Europe ne s'estompe. Les chants, les sauts, sont régulièrement lancés pour chauffer la carlingue. Entre deux Un jour il y a longtemps, j'apprends qu'il s'agit du premier déplacement en Coupe d'Europe de certains. Et vu comment ça se passe jusqu'ici, j'espère que le goût pour ce type de voyages atypiques a encore grandi. Nos navettes traversent désormais la ville, escortées par les autorités. Nous prenons le fameux pont, ne sachant pas encore s'il nous portera chance ou non.

 

Peu de monde à notre arrivée au stade. Au rez-de-chaussée du Gelredome se trouve un centre de fitness encore occupé à cette heure par des clients. Nos supporters rennais n'hésitent évidemment pas à soutenir les efforts de ces sportifs en plein run, brandissant les drapeaux et chantant en face de la baie vitrée. À n'en pas douter ça va les aider à battre des records !
L'entrée au stade se passe bien (oui, bon, vous avez compris). La bouffe de la buvette est cheloue, mais pas le choix, car le repas du midi commence à se faire oublier.

 

 

Un beau stade de l'intérieur, les perspectives sont surprenantes car on ne dirait pas qu'on peut placer autant de monde qu'au Roazhon Park. Le parcage se remplit tranquillement, et derrière nous un jeune supporter rennais trouve un beau pochon de weed sous une glissière de sécurité. Vu l'odeur du sachet, même si on perd ce match, il n'aura défintivement pas perdu sa soirée.
On se chauffe la voix, comme habituellement, pour montrer aux supporters du Vitesse qu'on est là. La tension monte petit à petit, et encore plus une fois la compo' annoncée, car Pep Genesio a sorti un XI digne de Philippe Montanier.

 

Le match commence, et là... beh vous le savez tout aussi bien que moi, c'est le néant sur le terrain. Des deux côtés, c'est nul.



Mais ça ne nous décourage pas, on continue de chanter, de supporter l'équipe comme le RCK le fait toujours, malgré les récents évenements. On ne chante pas forcément tous en rythme, mais le coeur y est. De l'autre côté, il y a l'air d'avoir aussi une très belle ambiance, la tribune ressemble à un mini mur jaune et noir qui donne beaucoup de voix, repris par moments par les autres tribunes. Dans cette configuration, nous pouvons difficilement lutter mais qu'importe. Ils ont même un chant qui est sur le même rythme que le nôtre. On fait notre truc, eux le leur.

On se prend logiquement un but en fin de première mi-temps et on se dit que le reste du match va être compliqué. Mi-temps. Tottenham, de son côté, fait le job contre Mura, piètre consolation du moment.

On continue quand même de se fait plaisir. On est tous ensemble, on profite, membres du RCK, Roazhon's Call, Team Pléneuf Val-André, Malouins (les drapeaux étaient scotchés sur le plexigas, quasi tout le pays gallo était representé !) continuons de chanter, d'essayer de transmettre notre énergie à l'équipe. On n'est en retard que d'un but, la chance peut tourner. Et elle tourne. Kamaldeen et Terrier sont rentrés, il y a plus de profondeur dans le jeu. Tchaouna, lancé, est fauché dans la surface. Le pénalty sifflé, puis transformé, les gobelets de bières volent dans tout le parcage.

L'équipe continue à mieux jouer, on continue à pousser.

ET C'EST LE BUT KAMALDEEEEEEEEN SULEMANA. Les bières volent de nouveau.

1-2, on est bien.

Et là, PAF ! Une attaque d'un Loïc Badé sauvage apparaît ! À 11 contre 11, on ne dominait pas forcément le match, mais en infériorité numérique, on savait que ça allait être très, très compliqué. Et les vagues commençent, comme durant les grandes marées, elles viennent s'écraser violemment contre les brise-lames que sont les dix rennais restant sur ce polder carré hollandais. Comme un gout d'un PSG-Rennes historique de 2012. Lorsque le tableau d'affichage affiche sept minutes d'arrêts de jeu, c'est la stupeur. J'admets qu'à ce moment, je perds confiance. Le karma qui nous baignait jusqu'alors va se retourner, nous ne ramenèrons pas les trois points, et je le répète à mes comparses qui n'en ont cure. Je lance mon chronomètre sur mon portable, l'écran du stade reste figé sur le chiffre 7. C'est angoissant, surtout que les cages de Gomis sont quasiment devant nous, nous serons donc aux premières loges pour une éventuelle débandade.

Ces 7 minutes sont

I
N
T
E
R
M
I
N
A
B
L
E
S

Mais le miracle continue. Gomis sort des parades de grande classe, Cheick N'Diaye l'applaudit sûrement de St Brieuc.

Enfin le coup de sifflet final. Enfin ces trois points. La première victoire en Europa Conference League ! On y était, on l'a vécue.

On continue de chanter après la fin, pourquoi s'arrêter après tout ? Même Galette-Saucisse Je T'aime sera faite c'est dire d'où l'on revient.

Les bus nous attendent, on est serrés comme des sardines, mais on saute, on chante, on invente des chants, l'ivresse de la victoire est toujours aussi belle.

 

 

 

 

Le samedi, je prends le chemin de Rennes, encore très légèrement aérien par le space-cake pris la veille à Amsterdam. J'atteris ainsi complètement sobre sur le sol français, comme ça je n'ai rien à me reprocher. J'arrive dans la capitale bretonne le soir sous une pluie ressemblante à celle que j'avais quittée, décidement ce déplacement me colle à la peau. Tout s'est bien passé, mais vous n'êtes plus surpris. Tu rejoins tes grandes soeurs, Arnhem, tout aussi pleines d'émotions.

 

@feuxdelavilaine

Tous les faits de cette journée sont romancés pour les besoins du feuilleton