Salut Dynamo Kiev France, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Pouvez-vous vous présenter ? Vous êtes combien derrière le compte ? Pourquoi Kiev ?
J’ai 29 ans et je suis professeur d’économie. Je suis seul derrière ce compte Twitter, en revanche nous sommes dans la vie réelle une petite section d’une poignée de membres à travers la France. La plupart de nos matchs se limite aux déplacements européens à l’extérieur bien que j’essaye pour ma part de retourner à Kiev au moins une fois par an pour assister à un match à domicile.
Pourquoi Kiev ? Et bien, mes premiers souvenirs de foot à la télé, c’est l’explosion du jeune Andriy Shevchenko en C1 à la fin des années 90. J’ai tout de suite été envoûté par le joueur. Puis est venu FIFA, des heures sur ma console à jouer avec le Dynamo de Shevchenko et Sergiy Rebrov quand mes copains prenaient le Real Madrid de Raul et Roberto Carlos. Chacun ses idoles.
Bien plus tard, j’ai eu l’opportunité durant mes études d’habiter à Kiev en 2012. Le choix s’imposait comme une évidence. J’ai donc pu constater de mes yeux qu’à 36 ans et même pétri de douleurs au dos, Sheva n’avait rien perdu de son instinct de tueur devant le but. Etant revenu au Dynamo en 2009 pour y finir sa carrière, j’ai donc pu le voir évoluer en vrai. Cerise sur le gâteau, j’étais au stade lors de son tout dernier match en club, sous le maillot du Dynamo. J’y ai vu un virage craquer des rafales de fumigènes à chaque fois que « King Sheva » s’apprêtait à tirer un corner devant eux. Puis les adieux au club, aux supporters. La boucle était bouclée pour moi.
L’histoire du club, son palmarès, ses campagnes européennes, ses légendes, ses supporters, une attraction fatale entre le Dynamo et moi, tout simplement.
En championnat, vous êtes à une très surprenante deuxième place. Bon, on avoue, c’est un peu dur à analyser votre championnat de l’extérieur, mais vous restez sur deux défaites (dont une contre le Chakhtar Donetsk qui compte désormais huit points d’avance). Si la qualification pour la poule vainqueurs semble acquise, est-ce qu’on croit encore au titre ou ça va être trop short ?
Ca va être dur en effet. Maintenant on ne compte quasiment plus que sur un faux pas (ou deux) du Shakhtar. Donetsk a l’habitude de mener la danse et de ne jamais rendre sa première place. Le club du Donbass est bien parti tout de même pour se goinfrer un nouveau titre.
Vous avez commencé difficilement l’Europa League avec deux nuls contre Astana et Jablonec. Pour un Chapeau 1, ça la foutait mal. Que s’est-il passé ? D’ailleurs quels étaient/sont vos ambitions pour en Europa League cette saison ?
Des matchs médiocres en effet, Yarmolenko n’est plus là pour nous sauver la mise. Le coach est encore hésitant dans ses choix. La mayonnaise n’a pas encore pris avec l’arrivée des brésiliens Tchê Tchê, Sidcley et Bueno et du jeune prodige danois Duelund. La défense est à mon gout inquiétante, le milieu bien fade alors quand les attaquants ne la mette pas au fond, ça nous donne des matchs moyens face à des équipes que l’on devrait battre sans sourcilier, même si Astana reste une équipe intéressante et pas facile du tout à taper. L’ambition du Dynamo reste de sortir des poules et de passer un tour, comme l’an dernier (éliminé en 8èmes par la Lazio).
Ensuite, vient enfin la victoire, contre Rennes. De notre côté, ce match représente une grosse frustration avec un match complet de nos Rouge et Noir, la finition en moins (24 tirs à 8, 2 grosses occasions manquées). Comment vous l’avez vécu, vous ? Vous avez plutôt eu le sentiment de gérer le match volontairement et d’accélérer au moment opportun ou d’être un peu chatteux de ressortir du match avec la victoire ? D’ailleurs, vous étiez au stade ?
Pour ma part je l’ai vécu au stade, en parcage. La physionomie du match ne m’a guère étonné. Le coach Khatskevich est plutôt du genre frileux et peu enclin à prôner la prise de risque offensive. Je m’attendais à voir Kiev marquer et se satisfaire d’un nul à l’extérieur. Après c’est sûr qu’au vu des stats et de la fin de match à dix, le second but est tombé du ciel pour nous. Mais n’oublions pas tout de même que Rennes marque sur une performance individuelle de notre gardien Boyko.
Il fait souvent ce genre de frappe Kędziora ? Ou il s’est inspiré du but de Sarr contre Jablonec à force de mater les vidéos de préparation au “match le plus important de la semaine” ?
Disons que Kedziora est du genre à prendre sa chance oui. Pas mal de talent offensif chez ce joueur qui se retrouve souvent bien placé aux avants-postes quand il monte. Seulement devant car le placement derrière n’est pas vraiment son fort. Possible en effet qu’il soit plus attiré par la vidéo du but de Sarr que par les séances vidéos sur « comment verrouiller l’entrée de ma surface ».
Suite à son rouge au Roazhon Park, Shepeliev sera absent jeudi. Ça représente un handicap pour vous ou il est facilement remplaçable ?
Je pense en effet que c’est un handicap, son remplaçant logique serait le brésilien Tchê Tchê qui se cherche encore un rôle dans ce milieu. A moins que Khatskevich nous bricole un truc bancal. Je m’attend à tout.
Quels sont les points faibles de Kiev cette saison sur lesquels les hommes de Sabri Lamouchi pourraient s’appuyer pour prendre le dessus ?
Museler au mieux Tsygankov en attaque, exploiter les temps faibles du Dynamo en profitant de la faiblesse de son milieu cette saison ou en dernier recours, frapper tout droit sur Denys Boyko qui est coutumier des boulettes il faut bien le dire. Ses sorties aériennes ne sont pas non plus des plus rassurantes. A domicile, le Dynamo se devra de faire mieux offensivement. Une fois l’orage passé, Rennes aura des opportunités c’est certain.
Au contraire, même avec toute la bonne volonté du monde, sur quel plan les Kieviens sont-ils intouchables ?
Ils ne le sont pas je le crains mais leur défaite crève-cœur face au Shakhtar samedi pourrait bien les avoir piqués au vif.
Les supporter rennais ne devraient pas faire le déplacement jeudi, mais à quel genre d’ambiance doit-on s’attendre au NSC Olimpiyskiy ?
Le stade construit pour l’Euro est trop grand (70,000 places) et sa configuration ne favorise guère les chaudes ambiances je trouve. Les affluences sont en chute libre en Ukraine ces dernières années, la crise du pays et la guerre dans l’est y sont pour beaucoup mais les ultras devraient donner de la voix. Ce ne sera surement pas l’ambiance de l’année mais juste suffisant pour donner un boost aux joueurs.
En général, quelle image vous renvoie la saison du Stade Rennais ? À votre avis peut-on espérer sortir de ce groupe plutôt homogène ?
Je n’ai pas assez suivi la saison du Stade Rennais mais la qualif pourrait bien se décider jeudi entre les deux. Je vois bien Astana maintenir son cap en tête du groupe et nous laisser nous battre jeudi pour la seconde place.
Un joueur, que disons-nous, une légende, a porté les couleurs de nos deux clubs. Quelle trace a laissé Ismaël Bangoura chez vous ?
Bangoura a laissé un souvenir positif là-bas notamment grâce à de bonnes stats. Il est souvent cité comme le joueur africain ayant laissé le meilleur souvenir au Dynamo. En revanche, les joueurs étrangers sont souvent considérés comme des mercenaires uniquement en Ukraine pour toucher un bon salaire (à juste titre parfois). A performances égales, les supporters préféreront toujours un joueur ukrainien formé au club qu’un étranger. Un mélange de chauvinisme et de racisme parfois il faut bien le dire.
Comment sentez-vous le match, vous osez un pronostic ?
Je mise sur une courte victoire de Kiev, sans éclats et par la même occasion une nouvelle déception pour les Rennais qui je le pense, seront à la hauteur de l’événement dans le jeu.
Merci pour ces réponses, Dynamo Kiev France, et bon match ce soir !