Préambouche :
Rennes et Angers s'affrontaient donc vendredi dans une espèce de faux derby (oui, Angers est plus proche de Rennes que Guingamp, les copains) qui puait grave pour celui qui ne gagnait pas. Première fois depuis la réception d'Ajaccio quatre matches plus tôt que Rennes jouait avant tout le monde, et par conséquent avant d'avoir la pression liée aux résultats de ses concurrents.
Pour ce match, Rolland Courbis décide de manière surprenante de se passer de ses deux revenants, à savoir Yoann Gourcuff, mais surtout Ludovic Baal (je dis “surtout” car il ne fait aucun doute au moment de l'annonce de la compo que l'idole des jeunes adultes entrera en jeu à la mi-temps, Courbis ayant annoncé vouloir le faire jouer 45 minutes. Alors que Baal, c'est pas gagné). Donc M'Bengue et… Salles-Lamonge, qui fête donc sa première titu en pro, et sa première tout court en L1. À part ça, que du cohérent. On arrête les conneries à essayer de foutre Sio n'importe où, avec Ntep, Boga ou je sais pas qui pour le remplacer. On n'a qu'un 9, alors assumons, même s'il n'a pas marqué depuis 541 minutes.
Angers de son côté part sur une attaque Ketkeophomphone – Yattara – Sunu avec Ndoye et Diers derrière. Saiss se place devant une défense Manceau – Thomas – Traoré – Angoula. Petric garde les bois.
Côté tribunes, Saint-Valentin oblige, Pierre demande Mathilde en mariage sur la pelouse du Roazhon Park. La belle dit oui. La soirée commence bien.
Le match :
Ketkeophomphone laisse à peine le temps aux futurs mariés de quitter la pelouse qu'il décale Diers qui adresse un superbe centre à Sunu qui reprend de la tête juste au-dessus du but de Costil. Bon. Ça, c'est du premier ballon. Les mecs sont chauds, et avec notre fameux “potentiel offensif”, ça va riposter sévère. Vu comment ça commence, ça ne fait aucun doute. Ce match va être é-norme.
Ahem.
S'en suivent douze longues minutes de rien, avant que M'Bengue n'adresse un centre pas piqué des hannetons à Giovanni Sio, qui se fait reprendre de justesse par Romain Thomas. Du classique. Ndoye entame par la suite un petit festival de crasses, entre piétinage de talon d'Achille sur Salles-Lamonge et choc tête contre tête avec Ntep. Le mec veut tout casser. Tout l'inverse de Yattara, qui récolte un jaune parce que Danzé lui fonce dedans. Bon. Pourquoi pas.
Côté football, pas grand chose, Saiss et André font s'employer les gardiens adverses en exécutant tour à tour une superbe tête en position de hors-jeu. À ce moment là, on n'est pas dans de la folie pure, quoi.
On commence à rigoler un peu à la 40è quand Yattara blesse Sunu dans la surface rennaise, après une touche longue. Ça n'arrive pas qu'à nous. Ça profite à Benrahma qui le remplace. D'ailleurs, en parlant d'auto-flagellation, Gourcuff est parti s'échauffer. Ça confirme notre hypothèse de départ, d'autant que Salles-Lamonge passe un peu à côté de son match, malgré pas mal de bonne volonté.
Et puis arrive l'émotion forte de cette première mi-temps. On est à la 44è minute. André est fauché par Angoula. Sur le coup-franc, Sio place une superbe tête… et marque ! Enfin ! Torse bombé, il toise les gradins. “Vous avez douté ? Pas moi. Je suis Sio. Giovanni Sio.” Le but est refusé pour un faute de M'Bengue sur Petric, doublée d'un hors-jeu.
Mi-temps. On assiste une nouvelle fois à une véritable parodie de football. Énormément de ballons perdus de part et d'autre, et pas grand chose de folichon à se mettre sous la dent. On essaie de se rassurer pour la deuxième mi-temps. Après tout, même si ça n'a pas toujours souri, Rennes est souvent revenu du vestiaire avec de bien meilleures intentions.
Oh, surprise. Gourcuff remplace Salles-Lamonge. Cool. Reste loin de M'Bengue, tout de même, on ne sait jamais.
Cette deuxième mi-temps repart sur un rythme assez lourd, et les 25 premières minutes, extrêmement poussives, ne seront marquées que par une tête foirée de Ndoye plein axe, à bout portant, sur un centre venu de la droite de Benrahma, ainsi que par l'entrée d'Arnold Bouka-Moutou. Sexy, hein ?
Bon, si je vous ai dit qu'il ne se passait rien pendant 25 minutes, c'est qu'après, ça bastonne dans tous les sens, c'est bien ça ? Bah… pas loin, en fait. Dembélé entame les vingt dernières minutes par une frappe d'une vingtaine de mètres au ras du sol, qui heurte le poteau de Petric ! Complètement malade ce type, on dormait, tranquillou, et là, sans prévenir ? Il est fou, lui.
Ça réveille les Angevins, qui, juste après la sortie sous les sifflets de Sio pour Grosicki, vont commencer à élever le rythme. Ketkeophomphone sert Diers qui, à l'angle des six-mètres, croise trop sa frappe ! C'était chaud. Pas le temps de niaiser que ça revient avec un trois contre trois. Ndoye décale Benrahma, qui, lui aussi, croise bien trop son ballon. Ça commence à puer un peu.
Les Rennais laissent passer l'orage avant d'accélerer à leur tour. C'est pas con en soi, on est à la 85è, il était peut-être temps de commencer à tenter quelque chose. Et ce quelque chose, c'est un beau centre de Ntep pour Grosicki qui reprend à bout portant. Petric sort un arrêt stratosphérique, et dévie cette balle en corner. Des larmes commencent à couler lentement sur mes joues. Sur le corner, Ndoye dévie le ballon de la main. L'arbitre n'hésite pas, et siffle un corner. Je commence à manquer de souffle. Sur le corner, Danzé place une énorme tête ! ÇA Y EST ! Non ! Petric l'enlève encore ! Je suis en position foetale. Encore un corner, donc. Et, alors qu'on n'y croyait plus, Arnold Bouka-Moutou surgit et vient placer une tête absolument magnifique, cette fois hors de portée de Petric ! Je hurle. Mon chat décède d'une crise cardiaque, mais je m'en fous. Coaching gagnant de la part de Moulin, et Rennes 1-0 Angers ! Comme dirait Vercoutre, “c'est d'la chatte ! D'la chatte !”
Fin de la purge.
Les Rouge et Noir :
Le gardien : Costil sauve probablement son équipe dès la première minute, en gênant parfaitement Sunu. Pas grand chose à signaler par la suite, les Angevins n'ayant pas cadré une frappe du match. Conséquence directe : cinquantième clean-sheet en Ligue 1. Eh ouais.
La défense : Y'a du mieux. Mendes et Armand ont été quasiment irréprochables, si ce n'est peut-être sur le trois contre trois qui aurait pu être fatal. Danzé a fait bien mieux que son match désastreux à Lille. C'est pas encore complètement ça, mais ça progresse. Il aurait même pu être décisif juste avant que Bouka-Moutou ne le soit. M'Bengue a, comme à son habitude, tenté d'apporter pas mal devant, au détriment parfois de la défense. Il a quand même globalement fait déjouer Benrahma.
Le milieu : Gelson et André ont fait un gros travail tout au long du match, qui aura été plus compliqué pour le jeune Salles-Lamonge. Beaucoup de volonté, mais pas mal d'imprécision dans les passes, donc un paquet de ballons perdus. L'entrée de Gourcuff aura permis de stabiliser tout ça, offrant à Rennes la possession du ballon, chose que l'on n'était plus trop habitué à voir.
L'attaque : Ntep retrouve sa percussion, et c'est la grande nouvelle du jour. Il aura été très remuant avec la complicité de M'Bengue, et c'est lui qui sonne la charge lors de l'assaut rennais de fin de partie. C'est pas encore le Ntep d'avant-blessure, mais on s'en rapproche. Contre une équipe qui laisse plus d'espaces, ça peut valoir son pesant d'or. Dembélé a, hormis sa belle frappe de la 70è, été relativement muselé. Sio a enchaîné les mauvaises prestations en étant rattrapé par Thomas (13'), en ratant son contrôle à l'entrée de la surface sur un service de Salles-Lamonge (30'), en simulant grossièrement (35'). Il ponctue cette performance par une attitude grotesque sur son (pourtant joli) presque but, bref. Sifflets mérités. Grosicki a, comme à l'accoutumée, fait une entrée pleine d'envie, et est passé tout près d'un nouveau but.
Vestibule :
Rennes s'offre une victoire laborieuse, la deuxième de l'ère Courbis, identique dans le dénouement à celle obtenue contre le Gaz. C'est cruel pour les Angevins qui auraient mérité de repartir avec ce qu'ils étaient venus chercher : un point. Et c'est vraiment dommage, car Rennes a prouvé qu'en accélérant, il pouvait indéniablement mettre à mal cette équipe d'Angers. On va renvoyer une image un peu crade à la France du foot, alors qu'en vérité, la pression rennaise des cinq dernières minutes était très intense, et le but qui l'a ponctuée était somme toute logique. Pourquoi alors avoir ressenti le besoin de se faire peur ?
Enfin. Comptablement, Rennes se fait du bien, et reste accroché au bon wagon. On ne le savait pas encore, mais tous les autres résultats nous ayant été défavorables ce week-end (fallait bien que ça arrive un jour), les trois points étaient importantissimes.
La semaine prochaine, les Rouge et Noir se déplacent chez un autre voisin en difficulté, le Stade Malherbe. Et il faudra montrer autre chose que ça.
@BallonSurLaN12