Ça y est. On y est. C'est ce week-end. Le match de l'année. Demain à 17h aura lieu le 35è (ouais on n'a pas intérêt de déconner) derby Rennes-Nantes de l'Histoire en Ligue 1.
LA SITUATION. Et on serait bien inspirés de le gagner, ce derby contre les Canaris. Déjà parce que si on se targue d'avoir fait nôtre le Stade de la Beaujoire en n'y ayant plus perdu, et surtout en y gagnant fréquemment, depuis un soir assez crado de janvier 2005, on est loin d'avoir conquis notre propre enceinte contre ce même adversaire. La dernière victoire du Stade sur ses terres contre le club de la Cité des Ducs remonte à début décembre 2006. Y'a quasiment dix ans. Des buts de Melchiot et Cheyrou, ça commence à faire hein ? Alors puisqu'il n'est pas question de réitérer chez nous les quatre décennies de disette vécues en bord de Loire, faisons en sorte de mettre fin à cette série malsaine de matches mal négociés au plus vite. Ouais, je m'enflamme un peu sur les quarante ans. Le traumatisme, m'voyez.
Bon, ça c'était pour le côté historique. Y'a un aspect bien plus terre à terre, qui consiste à prendre en compte le simple fait que Nantes soit à juste un point de Rennes avec un match en moins. Et on va pas se le cacher, finir cet exercice 2015/2016 derrière Nantes, ça la foutrait mal. Pas avec cet effectif. Pas avec ce potentiel. Pas avec Lenjani dans leur onze.
LE POTENTIEL LES ROUGE ET NOIR. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on l'aborde pas sous les meilleurs auspices, ce match. On a enchaîné tout au long de la semaine les nouvelles purement mauvaises, et les nouvelles un peu plus cheloues. Passage en revue.
Ntep. Bon, bah là, pas de chance. Il a joué, il a perdu. Il aurait pu gagner, ça se tentait, mais non. Le percutant ailier gauche du Stade va se faire opérer du tibia gauche, pour « douleurs persistantes ». Ça explique tout. Pourquoi Ntep n'a jamais vraiment récupéré son niveau, pourquoi il n'est jamais véritablement parvenu à faire déjouer ses vis-à-vis… la tuile. Sa saison est donc évidemment terminée, mais le côté positif pour lui (et pour Rennes si cet épisode le pousse à rester finalement parmi nous en fin de saison) est que cette opération devrait éradiquer pour de bon ses petits soucis. Mais c'est gênant. La perspective de l'Euro en fin de saison aura clairement poussé Pégé à tenter le tout pour le tout en repoussant l'opération et en forçant sur son pauvre petit tibia gauche… il s'avère que c'était finalement le mauvais choix pour tout le monde.
Quintero. On va parler au conditionnel le concernant, mais le Colombien aurait manqué l'entraînement cette semaine. On avait en premier lieu imaginé un potentiel forfait, ce sera finalement un début sur le banc. Je comprends plus grand chose avec lui. Le mec a joué deux rencontres préolympiques avec sa sélection, s'est fait traiter de gros, a démenti en contractant très fort ses abdos… à ce moment on le pense ready et déter'... mais il y a encore une pétouille. Il est grippé qu'on nous a dit. Ok, c'est la saison. On va y croire, on n'a plus que ça.
Dembélé. Nouvelle info un peu cheloue, peut-être d'ailleurs une intox (entre nous y'a vraiment intérêt), mais selon la rumeur, le meilleur joueur du Stade Rennais Courbis débuterait le match de la saison sur le banc. Il va falloir qu'on me fournisse une chaise et une explication. Ntep n'est pas là. Dembélé, donc, non plus. On met qui ? Henrique ? Grosicki ? Pour le premier, même s'il a rendu le peuple Rouge et Noir plutôt heureux en collant ses énormes balloches sur le visage des Nantais en fin de mercato, même si c'est un bon gars, même s'il est un peu foufou… il est en-dessous. C'est super triste à dire, mais c'est vrai. Grosicki, quasiment systématiquement décisif, je prends, par contre. Mais l'expérience montre que quand il est aligné dans le XI de départ, c'est de suite moins glop. Non, déconne pas Roro, c'est juste débile. On a un rythme écrasant de un match par semaine, et tu sais aussi bien que moi que, l'Équipe de France Espoirs, on s'en bat les reins. Alors quoi ? Il a fait une connerie ? Mais explique-moi, Roro !
Bon. Mis à part ça, tout va bien dans le ciel Rouge et Noir. Les entraînements se sont bien passés, 89 minutes de footing et 2 minutes d'exercices devant le but. Je serais bien infoutu de vous expliquer quelles sont les intentions du coach rennais pour le derby. Il a tenté de surprendre tout le monde à Toulouse samedi, avec réussite, on va donc lui faire confiance, en risquant de serrer un peu les fesses à l'annonce de la compo. Y'a même Erasmus ! Yihiii !
Bon, et les autres, ils en sont où ?
LES MÉCHANTS. Bah les méchants ils sont plutôt bien, en ce moment. Alors d'accord, ils viennent de se faire retourner la tronche par un relégable en Ligue 2 mercredi dernier, mais au-delà de ça, ils assurent.
L'arrivée de l'excellent Guillaume Gillet (qui enchaîne les clubs de méchants puisqu'il était prêté chez ceux de l'île en bas de la France l'an dernier) en provenance d'Anderlecht a métamorphosé le onze de Der Zakarian. Invaincus en 2016 avant mercredi, les jaunes n'ont plus perdu en Ligue 1 depuis le 21 novembre ! Et oui. On ne les a pas vus venir, mais le fait que Nantes joue une qualif européenne cette saison est tout sauf usurpé.
Et c'est d'autant plus impressionnant que leur effectif ne semble pas taillé pour une telle lutte, même si cette année, cette dernière est un peu bizarre. On a une nouvelle fois affaire à des attaquants assez improductifs. L'Islandais Kolbeinn Sigthorsson a souvent au cours de la saison été assimilié à une erreur de casting, et du haut de ses trois buts, on ne peut blâmer personne de l'avoir ainsi qualifié. Mais seuls deux de ses coéquipiers font mieux que lui, Yacine Bammou et Emiliano Sala, avec un petit but inscrit en plus ! Résultat, vingt-six buts inscrits en 27 journées. Rennes, en comparaison, alors que c'est pas la folie depuis sept matches, en a planté dix de plus.
Mais si Nantes ne marque pas beaucoup, Nantes encaisse également peu. Vingt-quatre petits buts seulement. On est dans le même ordre que tout à l'heure pour Rennes qui en a pris neuf de plus. La faute à une paire de milieux défensifs, Gillet-Gomis, qui ne laisse absolument rien passer. Comme je l'écrivais plus haut, Gillet a transformé cette équipe, en la rassurant au milieu, et en créant du liant entre les arrières et les avants. La pièce maîtresse de cet effectif, le joint qu'il manquait pour faire tourner la machine. Gassama, il y a trois semaines, a bien compris ce petit manège et a tenté de pulvériser le Belge, mais sans succès. Il est encore là. Toujours debout. Et il impressionne.
Et puis en défense centrale, c'est expérimenté. Cana-Vizcarrondo, c'est immuable, ça s'entend bien, et ça se voit. À droite, c'est l'ancien Évianais Sabaly qui gère le couloir, et à gauche, on alterne entre Moimbé et Lenjani, qui partagent un goût prononcé pour le portage de danger vers l'avant.
Bref. On va recevoir dimanche un effectif bien rodé. Je ne suis pas sûr que se passer de la percussion de Dembélé, ainsi que de l'inventivité de Quintero soient des choix pertinents, mais Courbis a probablement ses raisons.
L'ENJEU. Il est simple. Il faut les distancer. Pas le choix. Il y a deux matches contre des concurrents directs à gérer en peu de temps, c'est Nantes et Lyon, à domicile. Si on veut s'offrir une fin de saison un tant soit peu excitante, c'est ici que ça commence. De plus, on est dans un derby. Et perdre chez soi dans un derby, c'est vraiment… mais vraiment pas marrant. On se rappelle tous de septembre 2013. Eux l'ont vécu deux fois depuis à l'heure ou je pleure encore la nuit en y repensant.
Un derby, ça ne se j… ta gueule. Gagnez.