Le derby qui m'a marqué, épisode 3 : Mattcharp

Le derby qui m'a marqué, épisode 3 : Mattcharp

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Aujourd'hui c'est Mattcharp, le spécialiste de l'archive sur le Stade Rennais, qui nous emmène à la Beaujoire un soir de janvier 2006.

Mercredi 4 Janvier 2006 à 20h30.

 

Supporter du Stade Rennais FC depuis une vingtaine d’années, je n’ai jamais connu de victoire rennaise à Nantes. Pourtant, depuis la remontée en 1994, je m’obstine plus ou moins désespérément à me déplacer à la Beaujoire pour chaque derby quelque soit le jour et l’heure. Quasiment chaque année, c’est la même rengaine : Le SRFC se défend bien mais perd quasi systématiquement ou fait match nul après avoir dominé le match (10 défaites pour 3 matchs nuls depuis la remontée en Ligue 1). Personnellement, à cette période, je considère chaque match nul chez notre rival comme une victoire, c’est pour dire. Cela fait des années que je vais à tous les matchs à La Beaujoire pour le derby, en me disant que le jour où les Rouge et Noir gagneront à Nantes, je serai là.

 

J’ai évidemment en tête que le « Stade » n’a pas gagné en Loire-Atlantique depuis la saison 1964/65 (22/11/1964 ; victoire 2-3 au Stade Marcel Saupin de Nantes). En ce 4 Janvier 2006, cela fait donc 41 saisons sans victoire à Nantes, une éternité, une demi-vie. Rennes n’a alors jamais gagné au stade de la Beaujoire, inauguré en mai 1984 : agaçant voire frustrant.

 

Avant ce match comptant pour la 20ème journée de Ligue 1 de la saison 2005/2006, Rennes est 10ème au classement et devance son adversaire du soir de 3 points.

 

Il faut être motivé pour faire ce déplacement un mercredi soir de janvier en venant d’aussi loin (j’habite déjà Quimper à l’époque). Néanmoins, il est inenvisageable que je ne sois pas présent. Dans les jours précédant le match, je vais donc acheter mes billets pour LE derby dans un magasin quimpérois. Naïvement, Je demande des billets derrière les buts sans spécifier la tribune.

 

Le jour du match arrive. La pression monte tout au long du trajet. En arrivant dans le quartier de la Beaujoire, je m’intéresse enfin à ma place en tribune. Et là, je m’aperçois avec stupéfaction que mes billets sont en tribune Loire… à proximité donc de la Brigade Loire, principal groupe de supporters nantais. La soirée semble ne pas se présenter sous les meilleurs auspices. Je ne le sais pas encore, mais je me trompe : elle sera historique.

 

 

20h30 : Le match commence. La tribune réservée aux supporters est correctement remplie pour un mercredi soir. Rennes subit mais reste solide en défense et tente de jouer les coups à fond.

 

 

29ème minute : suite à une passe contrée du magicien suédois Kim Källström, Étienne Didot marque le premier but rennais, tout un symbole. (0-1)
Étienne vient célébrer son but quelques mètres devant moi. Je reste de marbre même si un sourire énorme se dessine sur mon visage. J’essaie de masquer ce que je ressens car je ne tiens absolument pas à tester si le fair-play légendaire des Nantais est avéré ou pas.

 


 

31ème minute : Nantes continue d’attaquer et obtient un pénalty suite à une faute de Grégory Bourillon sur Dimitrijevic. Tout de suite, je me dis que ça ne sera pas encore pour cette année, que ça sera comme d’habitude, que Nantes va égaliser puis nous battre. Sauf que NON ! J’ai encore l’esprit dans ces sombres pensées, que Claudiu Keserü s’élance et tire sur la gauche de Simon Pouplin qui se détend et repousse le ballon en corner d’une magnifique parade. J’étouffe comme je peux un hurlement de soulagement.

 

 

La mi-temps est sifflée et j’ai toujours du mal à croire au scénario de la première mi-temps.

La seconde mi-temps démarre et l’emprise nantaise demeure mais reste stérile. Les Rennais sont d’un réalisme trop rare qui fait plaisir à voir.

69ème minute : Sur un contre, bien lancé une nouvelle fois par Kim Källström, John Utaka vient tromper un Mickaël Landreau fataliste dans un angle impossible (0-2) et vient célébrer son but devant le parcage rennais en liesse. De l’autre côté du stade, l’ambiance est plus que morose sauf pour moi qui ai beaucoup de mal à contenir ma joie.

 


 

Les minutes passent, le score demeure, et les mines des supporters nantais qui m’entourent se décomposent au fur et à mesure. Quand l’arbitre siffle la fin du match, je reste hagard, stupéfait, heureux tout simplement d’avoir vécu ce moment historique.

 


 

Je comprends alors que malgré tout ce que les supporters nantais peuvent dire en considérant ce match comme un match normal contre le voisin rennais, ce match contre Rennes est en train de devenir LE DERBY, et ce pour les deux clubs !

 


 

Ce match est un tournant dans les confrontations entre les deux équipes puisque depuis cette date, le Stade Rennais FC est invaincu à La Beaujoire. La malédiction est rompue.

Le 4 Janvier 2006, 41 ans après, j’y étais…

 



La fiche ROUGE Mémoire du match