Préambouche :
Le supporter rennais a beau être masochiste, il ne compte pas sur le déplacement au Parc des Princes pour prendre les trois points. Certes, le SRFC a créé l'exploit quelques fois (on se souvient tous de cette victoire épique à 9 contre 11), mais le contexte est bien différent cette fois : série négative en cours, rumeurs insistantes de départ de Dembélé - bien trop sollicité sur et en-dehors du terrain d'ailleurs - et d'arrivée de Christian Gourcuff sur le banc la saison prochaine. Bizarrement, la mauvaise passe bretonne coïncide à la fois avec la baisse de forme d'Ousmane et les rumeurs de départ de Courbis. Sachant donc que ses jours sur le banc sont désormais comptés, Rolland le sudiste fait all-in et nous sort une composition digne des plus grandes heures de Montanier.
Une défense à cinq avec notamment Moreira, Gnagnon titulaire pour la première fois de la saison et une doublette Sylla-Fernandes dont tout le monde sait qu'elle ne fonctionne pas, cool. Cette capacité à partir déjà vaincu avec une tactique ultra-défensive... Ca sent encore le football champagne.
Le match :
A défaut de voir nos Rennais faire n'importe quoi au Roazhon Park, j'ai l'honneur d'avoir été invité par un pote au Parc des Princes pour les voir faire n'importe quoi dans le XVIe. J'ai beau vivre à Paris depuis plusieurs années maintenant, payer ma pinte 8 euros aux abords du stade me fait toujours autant chier. Seule consolation : il y a plus de Rennais que de Parisiens à la terrasse du bistrot, et les clins d'oeil échangés quand on voit dépasser un bout d'écharpe ou de maillot fait plaisir. Le temps de savourer ce houblon de mauvaise qualité, je loupe les cinq premières minutes du match. Disons-le d'emblée : autant on est superbement placés, autant entendre plus le parcage RCK/Roazhon's Call que les virages, ça fait quand même beaucoup de peine. Seuls quelques petits bouts de tissu rendant hommage à Momo, supporter historique décédé cette semaine, résistent au lissage intégral. Soyons honnêtes, apparemment le stade a respecté une minute de silence en son honneur en début de partie.
En début de match, les Rennais évoluent assez haut et ne laissent pas trop le ballon aux Parisiens. Mais rapidement, les locaux prennent les commandes et multiplient les centres, bien repoussés par la défense bretonne. A cause de cette composition d'équipe, les solutions se font rares et le PSG maitrise sans difficulté les quelques tentatives rennaises. Armand semble fébrile, avec plusieurs relances mal ajustées. Les latéraux ont beaucoup de mal à proposer des solutions et Sio est bien seul entre Silva et Marquinhos. Les partenaires d'Ibrahimovic semblent jouer au ralenti, se contenant de faire tourner. Malgré tout, leur capacité d'accélération reste phénoménale : Di Maria sollicite le Suédois qui lui remet d'une talonnade dans la course. L'attaquant argentin frappe du gauche, Costil repousse (23'). Dans la foulée, Cavani est alerté sur un centre d'Aurier, mais c'est sorti en corner. Coup de chaud. Mon 3e pote, supporter parisien, commence à agiter son petit drapeau bleu avec le sourire du mec qui a connu l 'époque Everton-Souza. Crispation. Le Stade Rennais tente de réagir avec une frappe de Sylla captée sans souci par Trapp. Les deux écrans du stade nous gratifient d'une image bidon toute colorée : « Paris loves Trapp ». Bientôt les stadiers vérifieront que les clients supporters applaudissent bien à l'unission.
2032, les supporters parisiens sont ravis des maillots nouvelle génération
A la demi-heure, Gnagnon fait connaissance avec la cheville de Pastore : carton jaune. Coup-franc dans l'axe à une vingtaine de mètres du but. Mon pote et moi, adeptes de la méthode Coué, tentons de nous persuader que ça sera fort dans le mur de la part d'Ibrahimovic, comme d'hab'. Et ben non : l'attaquant choisit une frappe enroulée-feuille morte qui passe juste au-dessus du but. Costil était battu, comme le fond de mon slip. Les Parisiens accentuent leur domination et Di Maria passe une nouvelle fois tout près d'ouvrir le score sur une frappe du droit (41'). La mi-temps arrive, non sans que l'on pousse un soupir de soulagement.
Comme prévu, les Parisiens dominent aisément. Comme prévu, notre disposition tactique nous force à subir. Malgré tout, on sent la possibilité de ramener un point à la maison. Spoiler alert : HAHAHAHAHA.
Après une pause pipi, je reprends ma place tandis que mes voisins du rang inférieur reviennent avec pop-corn, Coca et Fanta. Ils n'ont pas dû avoir le temps d'acheter des lunettes 3D, dommage.
Rapidement, ce que l'on craignait arrive : le PSG décide qu'il est temps de marquer et hausse sensiblement le rythme. Costil s'interpose par deux fois devant Ibrahimovic et Cavani (47' et 49'). Malheureusement, sur l'action suivante, le portier rennais est battu : Maxwell est alerté dans la surface. Après un crochet sur Mexer, le Brésilien passe un petit pont à Gnagnon avant d'envoyer une mine sous la barre du droit. Ah ok. Paris 1 – 0 Rennes.
Et là, tu réalises que toi, tes latéraux c'est Baal et Moreira.
A peine le temps d'envoyer valser le drapeau parisien « Ici c'est Paris » de notre pote qui essaie de prendre un selfie avec nous en fond, l'enfoiré, que Zlatan Ibrahimovic nous fait sa spéciale avec un but de l'extérieur du pied en extension à la réception d'un centre de Di Maria (53'). Paris 2 – 0 Rennes. Trois minutes plus tard, Cavani explose la transversale de Costil depuis la gauche de la surface. Pitié, je n'en peux déjà plus d'entendre Bruno Mars à chaque but comme si on était à la NRJ Party au Zénith, restons-en à 2-0. Dans la foulée, Aurier défonce Henrique et prend son petit jaune, qui aurait pu être d'une autre couleur. Courbis fait semblant d'en avoir encore quelque chose à foutre et opère un double changement : Boga remplace Henrique et Gourcuff prend la place de Gnagnon. (59'). Le Stade Rennais repasse en 4-3-3. A 2-0 c'est trop tard mais c'est l'intention qui compte, comme disent les impuissants. Blanc réplique et fait entrer Verratti pour Stambouli. Les larmes s'écrasent sur notre maillot rouge. L'entrée de Gourcuff, associée à la baisse de rythme logique côté PSG, nous fait beaucoup de bien. Les Bretons touchent un peu le ballon et tentent de combiner dans le camp adverse. Mais ça sent l'impuissance à plein nez, à l'image d'une frappe inoffensive de « Yo » à 30 mètres dans les gants de Trapp. A vingt minutes de la fin, Luiz remplace Motta et Lucas prendre la place de Di Maria. Dembélé, encore très discret ce vendredi, provoque enfin et trouve Baal sur l'aile gauche. Son centre ne trouve pas Sio, dont le timing était aussi douteux que le fond de mon slip. Dans la foulée, Costil sort encore deux arrêts de grande classe devant Ibrahimovic et Pastore (76'). L'infâme Bruno Mars retentit pour la troisième fois de la soirée à la 79', lorsque Pastore trouve Ibrahimovic dans la profondeur. Celui-ci résiste au retour de Baal et décoche une lourde frappe qui ricoche sous la barre et finit au fond. Paris 3 – 0 Rennes. Quitte à faire une overdose de Mickey et de Barbe à papa, autant y aller à fond : Courbis fait son dernier changement à dix minutes de la fin du match. Mendes remplace Armand, ovationné par le stade. On prend 3-0 et on fait applaudir nos vétérans par un public de fête foraine. Tout va bien. Pendant ce temps, le PSG continue de faire son boulot. Cavani met encore Costil à contribution avant remporter son duel (90+2') : l'Uruguayen aggrave le score d'une belle frappe en lucarne. Paris 4 – 0 Rennes. Fin du match.
Les Rouge et Noir :
Le gardien : il a eu beau en prendre quatre, Costil a sorti un gros match avec de nombreux arrêts de grande classe. Et dire que l'année prochaine il ira faire ça dans une équipe qui lutte pour le maintien.
La défense : Si l'objectif en alignant cinq défenseurs était de ne pas prendre de buts, ben ça a foutrement bien marché. En revanche, si le but était d'offrir un jubilé à Armand, c'était très réussi. A part ça, espérons que Gnagnon ne soit pas traumatisé par le combo petit pont-sortie prématurée, il fait toujours plaisir à voir.
Le milieu : Gelson a remporté haut la main le concours de passes en retrait avec Sylla, adversaire pourtant coriace. L'entrée de Gourcuff a coïncidé avec la « bonne » période rennaise. Mais à 2-0, forcément...
L'attaque : Henrique a encore couru partout pour rien, tandis que Sio a tenté de faire ce qu'il sait (bien) faire, mais avec Silva et Marquinhos, c'était mission impossible.
Vestibule :
Le Stade Rennais a encore pris une volée, pourtant je ne suis pas en colère. Même si ça peut paraître défaitiste, on pouvait largement s'y attendre. En revanche, venir avec une composition aussi incompréhensible a sans doute facilité la tâche de nos adversaires et ça, ça fait vraiment chier. Courbis semble n'en avoir plus rien à foutre, quasiment assuré qu'il est de ne pas continuer au club la saison prochaine. Encore une preuve de la grande classe de l'homme. Ca, pour l'ouvrir lors de sa prise de fonction, il y avait du monde. Mais le club a aussi sa part de responsabilité là-dedans (Dembélé et Gourcuff, je n'y reviens pas), en compliquant encore plus la fin de saison de l'équipe. Même si je ne suis pas fan du père Chrisitian – qui ne s'est pas privé de critiquer le club depuis son passage raté au début des années 2000 – sa venue sera sans doute gage de stabilité et de projet de jeu, ce qui fait clairement défaut au Stade Rennais depuis maintenant plusieurs années. Le pire dans tout ça, c'est qu'on est mathématiquement encore en course pour l'Europe, et que malgré nous, on va encore y croire au moins jusqu'à la semaine prochaine.
Marco Grossi (@_MarcoGrossi)