Roazhon-Gwengamp, pour repartir en avant.

Roazhon-Gwengamp, pour repartir en avant.

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Ce dimanche, c’est ar derby. De la chambre, de la provoc’, et à la fin du match, des rires d’un côté, des larmes de l’autre. Mais surtout un enjeu majeur pour Rennes : atteindre les deux ans d’invincibilité dans ar Championad Breizh. Et un peu de course à l’Europe, aussi.

Mes excuses pour ce titre de merde. Mais ça y est, on y arrive. Le dernier derby de la saison. Le choc des extrêmes dans ce Championnat de Bretagne qui touche donc à sa fin. En effet, les Rennais ont assuré leur titre, sauf cataclysme, avec trois points d’avance sur Nantes, et une différence de buts avec les Ligériens positive de 10 buts. De son côté, Guingamp finira bonnet d’âne, ne pouvant, du haut de ses deux points acquis contre Lorient et Nantes au Roudourou, plus rattraper les Morbihannais qui en totalisent sept. Champions, bro.

 

 

Bon, trève de ruelleries. Un derby, c’est par définition un match particulier. Mais contre Guingamp, c’est devenu une obligation formelle de victoire. Même si cent victoires d’affilée en championnat n’effaceront jamais cette plaie encore bien ouverte entre 2009 et 2014, chaque succès met un peu plus de beurre dans les épinards. Et à ce petit jeu, l’équipe s’est bien rattrapée depuis, en en enchaînant trois en autant de matches contre les Costarmoricains. Il faut que ça dure.

 

Et malheureusement, on ne s’est pas mis dans les meilleures prédispositions pour que ça dure. Après un match poussif contre le Stade de Reims, Rennes a mangé un mur en pleine face. Aucune leçon tirée du match aller, et une gueule de bois du tonnerre le lundi matin. On s’excuse d’ailleurs. On a tous rage quit. Pas d’après-match. Le site qui vole en éclats en plein live. Plus personne n’en voulait, dimanche. Pourtant, on savait qu’avec @latorfe en tribune, c’était foutu. Mais on a voulu y croire quand même. Les cons.

 

Bon, mais on savait qu’on n’enchaînerait pas non plus dix victoires dans le sprint final, alors reprenons espoir. Après tout, deux succès bien sentis contre Guingamp et Monaco, et on peut se mettre bien. Alors, comment on l’aborde, ce match ?

 

Bah pas trop mal au final. L’effectif est au complet si l’on excepte les grands blessés (Cavaré, Ntep). Courbis a donc l’embarras du choix, notamment en ce qui concerne la défense. En effet, si M’Bengue et Danzé semblent indéboulonnables, au niveau de la charnière centrale, c’est beaucoup plus indécis. Armand a semblé bien à la peine face à la vivacité de Hatem Ben Arfa dimanche, comme d’ailleurs au match aller contre Nice. Mais ses trous d’air restent assez rares en temps normal, c’est à dire devant des joueurs normaux. Diagne a un apport offensif très surprenant depuis le début de saison, et c’est sans doute en grande partie pour cela qu’il jouit actuellement de la confiance du coach rennais. Certaines initiatives inconsidérées sont toutefois porteuses de sueurs froides, comme ce dribble foiré contre l’OM qui aurait pu coûter cher contre de véritables attaquants. L’absence du groupe de Pedro Mendes à Nice, après qu’il ait purgé sa suspension contre Reims, était pour le moins surprenante, ses prestations étant jusqu’alors de plutôt bonne facture… mais ce qui étonne vraiment, c’est surtout le fait que Mexer soit également écarté. La blessure du Mozambicain, qui faisait suite au choc plutôt crade avec Eder au stade Pierre Mauroy, semblait résorbée, puisqu’il était apparu lors de la défaite de la réserve il y a dix jours. Alors que se passe-t-il ? Saison bien dégueu en tout cas, avec treize pauvres apparitions. Moins que Ntep.

 

Au milieu, on est tranquille, en mode croisière, et ça change. André-Gelson-Yoyo, ou André-Gelson-Ousous. Ça semble assez rodé, les deux fonctionnent bien, pas de raison de changer. Sur les ailes, bah Kamil d’un côté, Yoyo ou Ousous de l’autre, on est sur le même état d’esprit. Non, la véritable information, ou confirmation plutôt, que ce piteux Nice-Rennes a délivrée, c’est que l’ami Giovanni Sio est absolument indispensable dans ce dispositif. Son énorme travail de fond permet à ses acolytes du front de l’attaque de s’exprimer bien plus aisément. Alors oui, il ne plante plus, mais c’est finalement beaucoup mieux comme ça. En chiffres, c’est implacable. À chaque fois que Rolland Courbis l’a titularisé en pointe, Rennes a gagné. Bim.

 

Vous l’aurez compris, je suis donc plutôt partisan de la thèse de l’accident bête, de l’espèce de grosse baffe qui remet les idées en ordre. Du fameux mal pour un bien. Rennes est encore là. Mais Guingamp alors ? Ils arrivent comment au Roazhon Park ?

 

Bah Guingamp, bien qu’encore menacé par le spectre de la relégation, s’est quand même bien replacé ces dernières semaines. Cinq points et deux équipes les séparent de la zone rouge, mais attention. Toulouse et Reims semblent décidés à ne pas lâcher le morceau, et gratteront encore pas mal de points d’ici la fin de saison, c’est une certitude. Il ne manque qu’une victoire à notre homochrome breton pour atteindre cette pseudo barre symbolique des 42 points, et plus vite ce sera fait, mieux ce sera. En d’autres termes, s’ils peuvent venir les cueillir à Rennes, ils ne vont pas se gêner.

 

Ils sont assez imprévisibles en ce moment. Une défaite logique face à l’ogre parisien, un nul rageant face à Montpellier, un hold-up magistral et capital à Reims, une victoire bien plus sereine contre Sainté, et une explosion en vol à Lyon. Ils donnent l’impression qu’en étant concentrés et en faisant ce qu’il faut, on peut les prendre facilement. Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait Reims, et ils se sont heurtés à un mur. Imprévisibles, que je vous dis.

 

On note toutefois un dénominateur commun dans ces scénarii tous différents, et Dieu sait que la paluche guingampaise à ce propos m’a gavée, notamment pendant leur campagne européenne, mais c’est indéniable depuis que les mecs sentent que ça chauffe… ils se bougent le cul. Ça mouille le maillot, quoi. Y’a qu’à voir la tronche et le discours de Jimbo, qui a basé sa carrière sur cet état d’esprit, à la sortie du match contre Reims pour s’en rendre compte. Les mecs ne vont rien lâcher.

 

Au niveau offensif, Guingamp dispose de plusieurs armes, dont certaines bien familières. En effet, ils alignent en général deux attaquants parmi les trois suivants : Jimmy Briand donc, qui a inscrit six buts cette saison, Sloan Privat, qui en totalise sept, et Mevlüt Erding, qui n’est qu’à deux buts, mais qui est arrivé au mercato hivernal. Le milieu offensif Yannis Salibur en est également à sept buts. D’ailleurs, ce dernier, annoncé incertain suite au coup reçu contre Montpellier, tiendra bien sa place dimanche. Hum. Chouette. (Edit : finalement non). Bref, ça se débrouille pas trop mal. Avec 39 buts inscrits, l’attaque guingampaise se classe neuvième sur le plan national. C’est aussi bien que Saint-Étienne, et beaucoup mieux que Lille, qui jouent une qualif européenne.

 

Côté défense par contre, c’est un peu la cata. Avec 49 buts encaissés, seuls Troyes, Lorient et Bordeaux font pire. La faute à un mois de février bien pourri (quasi quatre buts encaissés en moyenne du 13 février au 6 mars), et à quelques branlées éparses (0-3 contre Saint-Étienne, Paris et Bastia). On n’est donc pas en face d’une équipe qui encaisse systématiquement, mais c’est pas serein-serein quand même.

 

En résumé, Rennes trouvera face à lui une équipe composée d’une défense clairement prenable, mais capable offensivement de bien taper aussi. Si Gourvennec opte comme le week-end dernier pour une attaque Briand-Erding, nul doute que ces deux auront à coeur de se rappeler au public de la route de Lorient. Mais surtout, Rennes verra arriver un collectif globalement mort de faim. Il va falloir se montrer vaillants, un peu plus que contre Reims, et bien sûr mieux organisés que contre Nice.

 

Parce que même si elle a pris du plomb dans l’aile, la course à l’Europe (soyons fous, même si je signe direct pour une sixième place, la Ligue des Champions est encore accessible) est loin, très loin d’être terminée. En effet, ce week-end, au Parc OL, deux concurrents s’affrontent. Un Lyon-Nice qui tombe à point nommé, c’est une chance qu’il ne va pas falloir laisser passer. Si Marseille arrive en plus à gratter un point ou plus sur le rocher dans ce qui constitue l’affiche du dimanche soir, Rennes aurait Monaco à portée de fusil la semaine d’après. C’est excitant, quand même. Ça, c’est si on gagne. Dans le cas contraire, Saint-Étienne et le Lille d’Antonetti reviennent fort derrière. On va croiser les doigts très fort pour que Paris gagne tout et rende la sixième place qualificative pour l’Europe, mais même avec ça, il y a sept équipes en lice si on considère qu’Angers et Caen sont cramés. Et je ne vous cache pas que loser une nouvelle fois me briserait quelque peu les gonades (aucun rapport avec Lyon).

 

Alors allez Rennes ! En route vers une deuxième année sans défaite dans le Championnat de Bretagne !

 

@BallonSurLaN12