Le dep' de l'année

Le dep' de l'année

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C'était bien, Jablonec, on y retournera, pour ne pas l'oublier, Jablonec...

"C'était y'a une semaine. Jamais autant eu froid de ma vie. Mais jamais autant kiffé un dep". Ces paroles ne sont pas de moi, avec mon expérience qui doit être forte d'une petite quinzaine de déplacements, mais de Nielsen, ancien président du RCK, et grand habitué de la Mordelles depuis un paquet de temps. C'est dire à quel point cette journée à Jablonec a été intense.

 

 

 

Tout a commencé, pour notre part, à l'aéroport Nantes-Atlantique. On se faisait une joie depuis quelques semaines de voir le rescapé de 25 ans de siège à Notre-Dame des Landes envahi d'une marée rouge chantant à l'unisson. Bon, c'était voir la chose un peu trop belle. Arrivés bien trop en avance, la salle d'embarquement est quasiment vide. Après avoir discuté au sujet de Ben Arfa et Sarr avec un douanier, on va se poser dans un siège, maillots rouges apparents. Un bref coup d'oeil vers le tarmac nous donne des sueurs froides. En face de notre porte d'embarquement siège un avion Volotea, avec l'inscription suivante : "ALLEZ LES CANARIS !" qui jouxte un énorme logo jaune et vert. On remate nos billets. Confirmation, notre vol est bien un Volotea. Merde.

 

 

Au fur et à mesure, la salle d'embarquement commence à se remplir. Des écharpes et des maillots de toutes saisons font leur apparition. Et toujours ce même avion Volotea, qui hante chaque supporter arrivant à la porte. Des "putain, téma l'avion" fusent, les gens ont peur. Mais commencent à apprécier le fait de se retrouver, qui plus est dans la Cité des Ducs. Ça forge toujours de bons souvenirs.

Au final, l'aéronef maudit fera le trajet Nantes-Naples. Le nôtre comporte, lui, des slogans bien plus sobres. On se félicite secrètement de ne pas avoir tiré au sort le club italien. L'avion décolle. On n'est qu'à deux heures de Prague, c'est moins loin que Brest en train. Quelques supporters réfrènent à contrecoeur une irrémédiable envie de pousser la chansonnette, la tension monte déjà. Le vol se fera en silence, jusqu'à ce que soudain, l'intégralité de l'avion se mette à applaudir. Atterrissage réussi ? Que nenni. Le steward vient de prononcer la phrase suivante : "Nous allons entamer la phase de descente. Tout le personnel souhaite bonne chance à l'équipe de Rennes, qui défie ce soir une équipe tchèque !" Sympa le mec. 

 

 

Arrivés à Prague, le plus dur n'est pas encore fait. On rallume la 4G, comme le roaming est gratos au sein de l'UE, on est comme à la maison. Un tweet attire notre attention. "14:04, on est dans le bus pour Jablo, on a a suivi à la lettre la (parfaite) feuille de route de la @SocialRoomFC. Super boulot, les gars, merci". Bon. C'est rassurant, on n'a pas écrit tout ça pour rien.

 

 

Alors, on va même s'en servir. Bus 119, métro A, métro B, jusqu'à Černý Most. Tout se passe bien, c'est vrai qu'elle est chouette cette feuille de route, on est bons bordel. Une fois à la gare routière, on tombe sur un type avec une écharpe rouge et noire. Ça sent bon. Jusqu'à ce que la meuf du guichet lui raconte que le bus est complet, que le prochain est dans deux heures. Mmmh. Mais on doit passer à notre AirBnb avant, nous, si on veut être à l'heure au match, ça va faire short. On lui propose donc de prendre un Uber. Banco. 60 balles, mais bon, ça va, on est trois.

 

Une heure après, on est sur Jablonec nad Nisou. Là, ça devient concret. Le Uber passe devant le stade, on peut ainsi mesurer à la louche combien de temps ça nous prendra de l'appart'. Le chauffeur nous dépose, on laisse notre nouvel ami se démerder avec lui pour rejoindre son plan B&B qui semblait un peu foireux vu de loin. L'appart' est juste au-dessus d'une supérette, en plein centre de Jablonec. J'en profite pour aller m'acheter du dentifrice et une binouze, après tout, le dèp' commence. Puis faut attendre @FeuxDeLaVilaine, qui doit nous rejoindre d'ici une bonne heure, tracté par le Roazhon's Call. Je commence à regretter de n'avoir pris qu'une bière quand le bougre sonne enfin à l'immeuble. "Pose vite tes affaires, on a soif". Le RCK est posé dans un rade, mais on sait pas trop comment il s'appelle, y'a "Nice" dedans, et a priori c'est pas loin de la mairie. P'tit check Google Maps. "Radnice". Ça doit être ça. C'est à 200m. La chatte.

On rentre dans le bistrot, l'établissement est blin-dé. Ça chante, ça picole, c'est heureux d'être là. On commence à croiser un paquet de têtes connues, et @FeuxDeLaVilaine se fait chambrer par un tas de mecs, qu'il connaît ou non, pour ses mésaventures à Astana (n'hésitez pas à remonter son fil Twitter si vous voulez plus de précisions, ça vaut le détour). Le personnel de l'établissement a l'air complètement dépassé, mais pas en panique pour autant. Les bières se font légèrement attendre mais on s'en fout, on est contents d'être là. Les verres viennent à manquer, donc ça collecte un peu dans tous les sens pour réapprovisionner le bar. On me sert une bière dont le verre est stické RCK. Je ne sais plus combien ça m'a coûté, mais pas cher du tout. Quel beau pays. 

 

 

 

 

 

Tout à coup, les visages commencent à se crisper. On est bien, mais on n'est quand même pas venus là pour trier des palourdes, y'a une qualif' à jouer. Et celle-ci est très fortement conditionnée au résultat de l'autre match du groupe, Astana-Kiev, qui a débuté à 17h. Il reste cinq minutes. Quatre. Trois. Deux. Une... et cinq minutes d'arrêts de jeu ! Le bar retient son souffle, les bières ne descendent plus, l'attente est interminable. Quand les SofaScore, Flash Résultats et consorts annoncent enfin la fin du match, le bar explose de joie. Le capo du RCK commence à entamer des "un jour il y a longtemps" et autres joyeusetés bien connues des habitués de la Mordelles. C'est l'euphorie. Rendez-vous compte, le Stade Rennais a de nouveau son destin entre les mains ! Les cervoises recommencent à couler à flot, désormais servies dans des pichets par pénurie, ça chante, @LaezhDour danse n'importe comment au fond du bar.

 

 

 

 

C'est l'heure du départ, après avoir enquillé une dernière pinte. On va laisser le personnel du Radnice souffler un peu, ils l'ont bien mérité. Après une petite photo prise sur les marches de la mairie, la police encadre le cortège, qui a fière allure derrière une bannière du RCK. Le groupe chante sans discontinuer, et ponctue sa marche de multiples arrêts au stand. C'est qu'il faut bien l'évacuer, toute cette bière. Après quelques dizaines de minutes de marche, et une fois la binouze en canette dégueulasse de @latorfe terminée, on arrive enfin au stade. Le truc est en périphérie de Jablonec, entouré d'arbres, qui serviront de support, une ultime fois, à certains retardataires.

 

 

 

 

 

Après avoir (enfin) fait la connaissance en personne de Connor, on entre dans une enceinte plus petite que le stade de la Rabine, dans un parcage plein comme un oeuf, mais qui dispose d'une petite buvette avec... de la bière ! Encore moins chère qu'au Radnice, quelle aubaine ! Avec un mercure descendant à -5, ressenti -10, on ne se prive pas. Il faut se réchauffer à tout prix.

 

 

 

 

 

Les joueurs finissent par faire leur apparition sur la pelouse, pour l'échauffement. On chante. On veut qu'ils se rendent compte de ce que ce déplacement représente pour nous. La possibilité concrète d'entrevoir des 1/16 de coupe d'Europe, pour la première fois à Rennes. Qu'ils ne balancent surtout pas ce match comme à Kiev quelques semaines plus tôt. Après l'échauffement, la sono balance de la zik, que le parcage reprend gaiement. Le climax sera atteint lors de "We are the Champions", qui sera ponctué d'un "Champions du Mooooonde, champions du Moooooonde". Tant qu'à faire, autant en profiter. 

 

 

Le match commence. Malgré nos efforts, la température ne remonte pas. Et c'est pas la bouillie proposée par les Rouges qui y changera quelque chose. Tout le parcage tremble lorsque Jablonec tape la barre de Koubek. C'est bon. On est toujours là. Je décide, peu avant la mi-temps, d'aller à la buvette en avance, pour éviter le flot. C'est pas pour ce que je vais rater, de toute façon... Je remonte dans le stade avec des galettes-saucisses locales pour mes acolytes. Une espèce de Knacki cheloue, enfoncée dans quignon de pain mais dépassant ridiculement. Ça fera l'affaire. La seconde période démarre, et le jeu n'est pas spécialement plus flamboyant. C'est pas grave, on continue de se déchirer les cordes vocales. Quand vient la 55e, et ce but venu d'ailleurs de Clément Grenier, qui libère tout une foule. La fin du match sera crispante, mais seul le résultat compte. Rennes a gagné à l'extérieur en Coupe d'Europe. Mieux. Rennes défendra deux semaines plus tard contre Astana son droit d'aller plus loin. C'est magnifique ! Les joueurs viennent fêter l'évènement devant la tribune. Suivis un peu plus tard par Olivier Létang, qui fêtait son anniversaire à l'occasion, et Jacques Delanoë. Quelques supporters tchèques féliciteront de loin le parcage pour l'ambiance inhabituelle qu'il aura mise dans ce petit stade de la banlieue de Liberec. Ce à quoi le RCK répondra par des "JABLONEC ! JABLONEC !". Belle ambiance, c'est aussi ça la Coupe d'Europe.

 

 

Après avoir attendu quelques minutes, on repart tranquillement du stade, vers le centre-ville. Suivis toujours de près ou de loin par diverses voitures de police. Sentiment étrange. De retour dans un Radnice vide, on se pose à une table, et on recommande des pintes. Le rade se remplit progressivement. Les supporters sont de retour. Fermant habituellement à 2h, le personnel du Radnice a reçu la consigne de rester ouvert tant qu'il y aurait des supporters rennais, pour mieux les contenir. Tant mieux pour nous, tant pis pour eux. Très vite, l'ambiance se réchauffe, les voix se retrouvent, et ça recommence à chanter. Le personnel du bar en profitera même pour passer quelques vieux tubes français. C'est assez marrant de voir des gros bonshommes avinés perdre leur voix sur "Voyage voyage" de Desireless. Le commentateur de RMC est également de l'aventure, je peux échanger brièvement avec lui sur les déboires de la chaîne, le lancement raté, etc. Je reçois en retour un "heureusement que vous êtes là, Rennes, parce que cette saison...". De rien, gros. Rennes en Europe, c'est une valeur sûre, c'est bien connu. On part du bar sur le coup des 3h, 3h30. On s'endort le gosier plein d'alcool, la tête pleine de rêves.

 

 

 

 

Après le match, certains sont revenus sur Prague pour dormir. Ça n'est pas notre cas, et le lendemain, après un petit dèj dans un centre commercial, on rejoint à 13h @latorfe, @ElFuoriclasse, @MarCinRZH, @Nielsen_L et autres compères pour prendre le bus Jablonec-Prague. Après avoir visité quelques musées, on retrouve le Roazhon's Call pour une soirée qui se finira par des chants, interminables, dans le coeur de la capitale tchèque, avec des Allemands. Le lendemain, après avoir bu quelques bières dans un pub, où la serveuse nous aura parlé de Petr Cech de manière assez peu élogieuse, on retrouve les membres du RCK dans un bar qui s'intitule "Le Chapeau Rouge". C'est l'anniversaire de @Yoann_1991, de qui nous faisons la connaissance à cette occasion. Il sort promptement à @il_y_a_maing "j'ai longtemps été persuadé que tu étais un mec". J'ai, pour être honnête, assez peu de souvenirs de cette soirée.

 

 

Le lendemain soir, on mate le match contre Strasbourg sur notre téléphone, dans l'aéroport. C'est pas glorieux. On retrouve petit à petit les personnes rencontrées à l'aller, et notamment le gars avec qui on a partagé un Uber. On échange évidemment sur le formidable week-end qu'on vient de passer, la défaite de Rennes passant complètement au second plan. L'avion décolle. Une fois arrivé à Nantes, il n'atterrit cependant pas. Les conditions climatiques sont pourries. Le pilote part faire un tour pendant une demie-heure au-dessus de Noirmoutier, et nous sort "je réessaie dans une demie-heure. Si ça marche pas, on ira à Rennes. Ou à Bordeaux". Ça commence un peu à claquer du cul, mais de toute façon, on n'y peut pas grand chose. Une demie-heure plus tard, le verdict tombe. Ce sera Rennes. La moitié de l'avion a le sourire. L'autre, constituée de Nantais, ou de Rennais qui s'étaient rendus à l'aéroport de Nantes en voiture, tirent un peu plus la tronche; Au final, cette petite anecdote parachève parfaitement le weekend hors-norme qu'on vient de vivre. Et tout ça, grâce au Stade Rennais. Plus que jamais... merci les Rouges !

 

 

@BallonSurLaN12 / @il_y_a_maing

 

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